Oui à la loi sur le CO2 – sociale et bonne pour l’emploi
La loi sur le CO2 est l’instrument le plus important de la politique climatique suisse. Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, dit oui à la loi sur le CO2 car elle permet de franchir une première étape indispensable pour une protection du climat efficace tout en préservant et créant des emplois et prenant en considération les aspects sociaux et les régions périphériques.
Face à l’urgence climatique, un refus de la loi, même pour d’honorables motifs (il faudrait des objectifs plus ambitieux ou des considérations plus sociales) serait grave ; car en raison des oppositions à la loi pour des motifs diamétralement opposés, il est illusoire de penser que l’on parviendrait à une nouvelle mouture satisfaisante dans un délai raisonnable. On perdrait alors de précieuses années pour parvenir à l’objectif fixé de zéro émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2050. Et la Suisse ne pourrait plus respecter son engagement international, suite à sa ratification de l’Accord de Paris sur le climat. Ce serait aussi néfaste pour l’emploi car le développement des investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique subirait un coup de frein.
Un premier pas indispensable, d’autres devront suivre
Pour Travail.Suisse, la loi révisée nous permet donc de franchir une première étape indispensable pour parvenir à la neutralité climatique d’ici quelques dizaines d’années. Mais ne nous leurrons pas : si nous voulons parvenir à réduire à zéro nettes les émissions de gaz à effet de serre d’ici le milieu du XXIème siècle – objectif indispensable pour limiter le réchauffement climatique à un niveau supportable pour la planète et ses habitants – une nouvelle révision d’envergure s’annonce déjà. C’est pourquoi Travail.Suisse se positionne déjà en pleine campagne de votation par un document de position avec de nombreuses revendications qui devront être mises en œuvre pour que la route longue et ardue pour parvenir à l’objectif fixé soit supportable pour tout le monde.
Deux arguments principaux pour Travail.Suisse plaident clairement pour un oui à la loi sur le CO2 le 13 juin 2021. Les voici ci-après.
Objectif de réduction pragmatique et bon pour l’emploi
La loi sur le CO2 révisée prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030 par rapport à 1990. Cet objectif est réaliste et, même s’il manque un peu d’ambition, il a le mérite de pouvoir être atteint sans préjudice pour l’économie et le marché du travail. Le fait que la réduction des émissions de gaz à effet de serre doive se produire à 75 pourcent au moins en Suisse est positif (le projet du Conseil fédéral prévoyait 60 pourcent, faisant la part belle aux réductions d’émissions à l’étranger). Cela oblige à investir davantage dans la protection du climat chez nous, ce qui favorisera l’innovation et permettra de maintenir et de créer de nouveaux emplois dans tout le pays, en particulier dans les régions périphériques. Plus vite on réduira les émissions en Suisse même, moins on importera des énergies fossiles, ce qui permettra de faire des économies considérables. On pourra alors les réinvestir dans le développement des technologies propres, créatrices d’emplois, ou pour adapter les qualifications des salarié-e-s aux mutations structurelles économiques provoquées par le réchauffement climatique. On contribuera aussi de cette manière à lutter contre la pénurie de personnel qualifié, qui se fait particulièrement sentir dans certains domaines des cleantech.
Aspects sociaux pris en considération
La loi sur le CO2 révisée est sociale. Avec son mécanisme de redistribution par habitant-e, la taxe d’incitation prend en compte de manière équitable les bas et moyens revenus ainsi que les familles puisque les enfants comptent à plein pour la redistribution. Pour une famille moyenne de quatre personnes, la loi sur le CO2 révisée pourrait induire des coûts supplémentaires moyens de 100 francs par an (selon des données de l’Office fédéral de l’environnement). Ces chiffres prennent en compte les augmentations maximales prévues par la loi (taxe CO2 passant de 120 à 210 francs la tonne de CO2 et augmentation maximale de 12 centimes par litre d’essence).
Toutefois, ces coûts supplémentaires auront lieu que si la consommation de mazout et d’essence de la famille reste inchangée. Si l’isolation de la maison est améliorée ou si la famille opte pour une voiture plus efficace sur le plan énergétique ou un véhicule électrique d’ici à 2030, ces coûts seront plus faibles. Si elle ne prend pas l’avion lorsqu’elle part en vacances ou si elle se chauffe sans émettre de CO2, elle recevra même une somme plus importante que celle qu’elle aura déboursée.
Le fait que la moitié au moins du produit de la nouvelle taxe sur les billets d’avion (de CHF 30 à CHF 120 selon la distance) est redistribuée à la population va aussi dans le sens de l’équité sociale ; car les hauts revenus prennent plus souvent l’avion que les bas et moyens revenus. Pour les vols privés et d’affaires en partance de la Suisse, la taxe due varie entre 500 et 3000 francs et est aussi redistribuée pour moitié à la population. Cela est donc clairement une contribution qui va des poches des hauts revenus vers les bas et moyens revenus.
En outre, les régions périphériques, en particulier les régions de montagne, qui sont fortement affectées par les changements climatiques reçoivent du nouveau Fonds pour le climat des aides leur permettant d’atténuer les conséquences de ces changements. C’est aussi positif dans le sens du service public et de la cohésion sociale et territoriale entre les régions de Suisse.
A ces raisons d’ordre économique et social, dire oui à la loi sur le CO2 le 13 juin 2021, c’est aussi se soucier des futures générations. Nous avons la responsabilité de leur léguer une planète bien vivante. Alors disons oui massivement à la loi sur le CO2 le 13 juin. Il existera alors une bonne marge de manœuvre pour, après avoir franchi la première haie, passer les suivantes.