Une stratégie climatique encore très insuffisante et incomplète
Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, salue une stratégie climatique à long terme de la Suisse. Elle a au moins le mérite d’exister. Mais elle manque d’ambition, présente des lacunes et doit présenter un volet complémentaire sur la manière d’accompagner socialement les bouleversements structurels que le réchauffement climatique provoque pour l’économie, les emplois, la formation et la répartition des revenus.
Pour Travail.Suisse, il est faux de dire que loi révisée sur le CO2 permettra d’être en mesure d’atteindre l’objectif climatique d’ici 2050 comme on peut le lire dans le communiqué du Conseil fédéral. Ce n’est qu’un premier pas. Au vu de l’urgence à réduire les émissions de gaz à effet de serre, Travail.Suisse préconise de parvenir à la neutralité carbone vers 2040 au lieu de 2050. Il est regrettable que la stratégie prévoie que « la réduction des émissions internes sera privilégiée ». Travail.Suisse demande d’ores et déjà que l’on renonce à réduire les émissions par des projets à l’étranger dès 2030, ce qui favorisera l’innovation et la création d’emplois en Suisse. En outre, il est difficile de vérifier si les projets à l’étranger respectent bien aussi les conditions du travail décent.
Travail.Suisse soutient des objectifs par secteurs mais les considère clairement insuffisants pour certains d’entre eux, en particulier l’agriculture qui devra évoluer beaucoup plus vite vers plus de durabilité. On compte encore beaucoup trop sur des techniques dont on ne connaît pas encore les conséquences à long terme comme celles recourant au captage et au stockage de CO2 (CCS) et à des technologies d’émission négative (NET).
Si nous saluons le fait que la stratégie climatique à long terme repose sur des principes clairs, le principe no 7 (la transition vers le zéro net se fait de manière socialement acceptable) n’est à l’heure actuelle qu’une déclaration d’intention. Il est toutefois positif que l’on ait mentionné les partenaires sociaux. Il faut s’atteler sans tarder à la mise en œuvre de ce principe : «La politique climatique ne peut être que sociale et inclusive, faute de quoi elle risque d’échouer car elle n’aura pas le soutien de la population » déclare Denis Torche, responsable du dossier politique environnementale à Travail.Suisse. « Un plan d’action pour une politique climatique basée sur la transition juste » de Travail.Suisse comprenant des propositions et revendications fondamentales pour le monde du travail sera bientôt rendu public.