Congé parental : le modèle suisse doit profiter de l’expérience des autres pays
Dès le 1er janvier prochain, les nouveaux pères pourront enfin prendre un congé paternité payé à la naissance de leur enfant. Grâce à cette victoire d’étape à mettre à l’actif de Travail.Suisse, il est désormais possible de réfléchir à un modèle de congé parental. Le modèle de la Commission fédérale pour les questions familiales COFF de 38 semaines est comme un phare qui guide les réflexions. L’expérience menée par d’autres pays vient maintenant compléter le modèle et il serait sage d’en tenir compte.
La Suisse va enfin offrir dix jours de congé aux nouveaux pères, dès le 1er janvier 2021. Le 27 septembre dernier, le peuple suisse s’est prononcé à plus de 60% sans équivoque en faveur du congé paternité. Sans cette première victoire d’étape, que l’on doit à l’engagement de plus de 200 associations de la société civile emmenées par Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et des travailleuses, les discussions sur le congé parental seraient aujourd’hui au point mort.
La Commission fédérale pour les questions familiales COFF vient rappeler que la Suisse a intérêt à s’inspirer de l’expérience accumulée par d’autres pays, plus avancés sur la question. Réitérant son modèle de congé parental global de 38 semaines (ou de 22 semaines venant s’ajouter aux congés de naissance), la COFF rappelle, dans une « Policy Brief » parue aujourd’hui, combien le congé parental est nécessaire et qu’il est un investissement qui en vaut la peine. Depuis la parution de son argumentaire basé sur 140 études en 2018, d’autres pays ont accumulé de l’expérience. Les enseignements que la COFF en tire aujourd’hui peuvent être très utiles à la Suisse, très en retard en matière de politique familiale.
Les discussions sont déjà en cours entre diverses organisations et partis politiques pour choisir la meilleure voie en vue de l’adoption d’un congé parental. Forte de son succès avec le congé paternité, Travail.Suisse y participe. La faîtière y défend les principes qui lui sont chers, ainsi que les facteurs de succès mis en évidence par la COFF, à savoir un congé suffisamment long, un niveau de rémunération suffisant, la protection contre le licenciement pendant le congé, une part réservée au père ou à l’autre parent, une liberté de répartition entre les deux parents (dans un certain cadre) ou la flexibilité dans son utilisation. « Le modèle suisse sera sans doute le résultat d’un compromis, comme toutes les innovations sociales qui ont été adoptées dans notre pays » prévient toutefois Valérie Borioli Sandoz, responsable de la politique de l’égalité et de la conciliation.