Le Conseil fédéral a adopté aujourd’hui le message pour introduire des prestations transitoires pour les personnes en fin de droit de plus de 60 ans. Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, salue ce pas. Il réduit le niveau de chute financière et sociale après une longue carrière professionnelle et agit contre la menace de pauvreté survenant avec l’âge.
La robuste intégration des travailleuses et travailleurs âgés sur le marché du travail s’est nettement détériorée au cours de ces dernières années. Une fois au chômage, ils ont bien plus de problèmes à retrouver un emploi que les jeunes. Les taux d’aide sociale en hausse frappante chez les travailleuses et les travailleurs âgés depuis 2011 en sont la conséquence. Le nombre des bénéficiaires de l’aide sociale âgés de 56 à 64 ans a doublé à plus de 30'000 personnes au cours des derniers dix ans.
Le « Baromètre Conditions de travail » de Travail.Suisse met aussi bien en évidence les problèmes des travailleuses et travailleurs âgés sur le marché du travail. Ainsi, ils considèrent que leur employabilité est nettement plus limitée que celle de leurs collègues plus jeunes. Pendant que chez les 16 à 29 ans, une personne sur trois et ,chez les 30 à 45 ans, tout juste la moitié comptent avoir des difficultés en cas de perte d’emploi voulue ou non, les 46 à 65 ans sont environ deux tiers à ne pas penser - ou à peine - retrouver un emploi comparable.
Se retrouver en fin de droit quelques années avant l’âge ordinaire de la retraite provoque une chute financière et sociale considérable. Les dernières années avant la retraite, avec la progression salariale usuelle de la carrière et les bonifications de vieillesse les plus élevées, sont particulièrement importantes pour la constitution de la rente LPP. En outre, il y a le risque d’exclusion du système des rentes des caisses de pension du fait que l’épargne de la caisse de pension est transférée sur un compte de libre-passage. En outre, être en fin de droit signifie qu’il faut dépenser sa fortune car le dernier filet social – l’aide sociale – ne laisse qu’un montant de 4000 francs avant d’intervenir. Dans les cas extrêmes, une longue carrière professionnelle, ayant permis de constituer une certaine fortune et une bonne couverture de la caisse de pension, peut se terminer au cours des dernières années en déchéance financière et sociale.
Des prestations transitoires permettent, pour les personnes concernées, de ralentir l’utilisation de la fortune et d’empêcher le passage à l’aide sociale qui porte atteinte à la dignité après une longue carrière professionnelle. Il s’agit donc d’un moyen efficace pour empêcher la pauvreté avec l’âge.
En collaboration avec les partenaires sociaux nationaux, Travail.Suisse a contribué à développer cette mesure avec le Conseil fédéral et attend que le Parlement traite le projet rapidement. Le but est qu’il puisse adopter en votations finales le projet lors de la session de printemps 2020 avant la votation sur l’initiative de résiliation de la libre-circulation des personnes. On donnera ainsi une réponse claire aux exigences posées aux travailleuses et travailleurs âgés sur le marché du travail.