Message concernant l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation - d’importantes corrections s’imposent
Le projet de message FRI 25-28 le prouve : la formation, la recherche et l’innovation ne sont plus des tâches prioritaires aux yeux de la Confédération – qui prévoit de leur accorder à l’avenir sensiblement moins de moyens financiers. Or la formation s’avère essentielle pour la prospérité, pour l’égalité des chances et l’intégration durable sur le marché du travail. C’est pourquoi dans sa réponse à la procédure de consultation, Travail.Suisse demande au Conseil fédéral de corriger le tir.
Le message FRI sert à fixer pour quatre ans le cadre financier des dépenses fédérales destinées à la formation, à la recherche et à l’innovation. Pour la première fois, une consultation a été organisée et vient de s’achever le 24 septembre sur le projet de message FRI. De l’avis de Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des salarié∙e∙s, le projet élaboré pour les années 2025 à 2028 comporte de graves défauts qu’il est urgent de corriger. Dans sa «réponse à la consultation», Travail.Suisse expose en détail ses demandes d’adaptations.
La formation, la recherche et l’innovation doivent rester une priorité de la Confédération
Le message FRI 25-28 porte sur 29,7 milliards de francs, ce qui correspond à une croissance annuelle de 2 % en moyenne. Si cela semble beaucoup à première vue, il faut nettement relativiser cette impression. Premièrement, il s’agit d’une croissance nominale, ce qui signifie qu’avec les prévisions de renchérissement de 1 %, la croissance réelle se limitera à 1 %. Deuxièmement, le projet actuel a vu le jour alors que les perspectives semblaient s’assombrir pour les finances fédérales. Pour mémoire : dans son budget 2023, le Département fédéral des finances tablait sur un déficit structurel de 4,8 milliards de francs, alors que les extrapolations du 16 août 2023 ne parlent plus que de 1,5 milliard de francs. Par ailleurs, les mesures d’économies de 2 % adoptées portent sur le budget 2024 – soit précisément l’exercice qui servira d’année de base de la période FRI 2025 à 2028. Troisièmement, la formation avait été considérée pendant des décennies comme une tâche centrale de la Confédération et à ce titre, elle passait toujours en premier lors de la répartition des moyens de la Confédération. C’est ainsi que depuis 2010, les moyens alloués au domaine FRI ont affiché en moyenne une croissance annuelle de 3,4 % – et il s’agissait d’une croissance réelle, durant cette période caractérisée par un renchérissement nul.
Il ressort donc clairement du projet de message FRI que le domaine FRI ne recevra plus autant de moyens financiers que jusqu’ici. Le Comité de Travail.Suisse rejette à l’unanimité un tel rétrogradation et appelle à revoir à la hausse le cadre financier pour qu’à l’avenir, le domaine FRI maintienne le cap avec une croissance de 3,4 % qui dépasse la moyenne. Pour Travail.Suisse, il est évident que l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation est indispensable dans un pays sans ressources naturelles, à l’ère de la société de la connaissance, afin de pérenniser le bien-être, l’emploi et la prospérité économique. Travail.Suisse refuse catégoriquement la proposition de couper dans les dépenses du domaine FRI. Elle est d’ailleurs en flagrante contradiction avec les objectifs du programme de la législature 2023 à 2027, où il est dit que « La Suisse reste à la pointe dans les domaines de la formation, de la recherche et de l’innovation ».
Non au désengagement financier de la Confédération du domaine de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière dans le cadre du projet viamia
En 2019, le Conseil fédéral a adopté un train de mesures visant à encourager le potentiel de main-d’œuvre indigène. L’une de ces mesures consistait en un bilan professionnel et un conseil de carrière, proposés gratuitement à toutes les personnes actives ayant plus de 40 ans. L’offre a par la suite été réalisée avec succès sous le nom de viamia et a conduit, avec la stratégie nationale pour l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière (OPUC), à une substantielle harmonisation des offres cantonales. Il est primordial aux yeux de Travail.Suisse de renforcer le rôle de l’OPUC. En réponse aux incessants changements du marché du travail, il faut mettre à disposition des travailleuses et travailleurs des offres de conseil à bas seuil, gratuites et de qualité pour soutenir leur intégration durable dans le circuit professionnel. Les évaluations réalisées confirment le succès de la mise en œuvre de viamia. Selon Travail.Suisse, il convient donc d’examiner la manière de pérenniser et d’étendre encore cette offre. Il est bien clair pour Travail.Suisse que face aux exigences du marché du travail de demain, une intervention unique dans le cadre de l’OPUC ne suffira pas et qu’il faudra prévoir des activités de conseil et d’accompagnement tout au long de la vie professionnelle. Pour viamia, cela implique un développement modulaire de l’offre et son extension à d’autres groupes (comme les personnes reprenant le travail après une pause familiale avant 40 ans). Or le message FRI propose à présent de prolonger le soutien de la Confédération à viamia sous une forme dégressive. Travail.Suisse refuse catégoriquement un tel désengagement financier, tant il est à craindre que l’offre en place ne soit pas maintenue, ou du moins que des écarts se creusent à nouveau d’un canton à l’autre. Dans le cadre de la consultation sur le message FRI, Travail.Suisse invite à adapter la loi fédérale sur la formation professionnelle afin de garantir durablement la participation de la Confédération au renforcement de l’OPUC.