Grève féministe : Revendications de Travail.Suisse
Le combat de la discrimination salariale envers les femmes est au cœur de l’action menée par Travail.Suisse sur le terrain de l’égalité entre femmes et hommes. Elle le rappelle à l’occasion de la Grève féministe du 14 juin. Il est inadmissible que les femmes gagnent toujours en moyenne 9’400 francs de moins que les hommes, sans aucune autre raison que leur sexe. Parallèlement, Travail.Suisse demande des mesures pour promouvoir le retour à la vie active des femmes, une meilleure planification du travail ainsi que la création d’un service fédéral de médiation pour les victimes de discrimination.
Il est inacceptable qu’en 2023, presque la moitié des écarts salariaux mesurés entre hommes et femmes (47,8%) soit due à la discrimination. Cette part des écarts de salaire qui ne peut pas s’expliquer autrement que par le sexe, après avoir éliminé tous les autres facteurs objectifs d’explication (comme le niveau de formation, les responsabilités, l’ancienneté ou la branche économique, par exemple) est tout simplement un scandale. La discrimination salariale en Suisse représente en moyenne 717 francs par mois au détriment des femmes. Chaque année, ce sont des millions qui leur manquent, qui n’alimentent pas leur caisse de pensions et qui manquent à celles de l’AVS. Si la discrimination salariale était éradiquée, ce sont plus de 825 millions qui enrichiraient l’AVS chaque année : la hausse de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans imposée avec AVS21 n’aurait tout simplement pas été nécessaire.
Il faut réviser la loi sur l’égalité sans attendre
La discrimination salariale est contraire à l’article 8 alinéa 3 de la Constitution fédérale (1981) et elle est contraire à la loi sur l’égalité, qui l’interdit explicitement à son article 3 alinéa 2 depuis 1996. Devant l’incurie du Parlement qui a révisé la loi en dilettante, Travail.Suisse a lancé il y a trois ans déjà la plateforme RESPECT8-3.CH. Le 1er juin, une liste noire de la discrimination salariale a été lancée. Il est désormais possible de signaler anonymement les employeurs ne respectant pas cette obligation légale, grâce à un outil de lancement d’alertes.
Lors de sa conférence de presse du 1er juin, Travail.Suisse a rendu publiques ses revendications en matière d’égalité salariale. Une nouvelle révision de la loi sur l’égalité est urgente, car la dernière révision de la loi s’éteindra d’elle-même dès 2032. Il faut pérenniser cette obligation d’analyse, pour toutes les entreprises dès 50 employé·e·s. La loi doit aussi prévoir des contrôles et des sanctions en cas de non-respect, comme cela est normalement prévu pour toutes les lois. Il est nécessaire de préciser les conditions de réitérer l’exercice de l’analyse et d’imposer aux entreprises qu’elles prennent des mesures pour éliminer toute discrimination. A quoi sert de découvrir une discrimination salariale systématique si aucune mesure n’est exigée de l’entreprise pour y remédier ? Le Conseil des Etats est invité à suivre le vote du Conseil national qui a adopté le 4 mai dernier une motion du centriste Lorenz Hess (21.3944) allant dans ce sens.
Le manifeste de Travail.Suisse pour la Grève féministe
A l'occasion de la Grève féministe de demain, Travail.Suisse demande dans un manifeste d'autres mesures prioritaires :
- Retour au travail : Le retour au travail des femmes doit être soutenu : il ne sert à rien de désigner des boucs-émissaires (les femmes sans activité lucrative, les personnes qui travaillent à temps partiel). L’Etat doit investir dans des mesures adéquates pour permettre aux femmes de retourner sur le marché du travail après une interruption de carrière provoquée par une conciliation impossible ou pour mettre fin au sous-emploi de celles qui travaillent contre leur volonté de manière trop réduite.
- Planification du travail : Le travail doit pouvoir être mieux planifié à l’avance, aussi à temps partiel. La durée maximale de travail hebdomadaire doit dépendre du taux d'occupation pour que les travailleurs.euses à temps partiel reçoivent aussi un supplément pour leurs heures supplémentaires.
- Accès facilité aux tribunaux pour les victimes de discriminations : L’accès aux tribunaux pour les victimes d’inégalités doit être facilité avec la création d’un poste de médiateur ou Ombudsman de l’égalité, comme le demande la motion 22.3095 de Léonore Porchet, la vice-présidente de Travail.Suisse.
Distribution de flyers dans toute la Suisse
Dans toute la Suisse auront lieu demain des manifestations où femmes, hommes et personnes non binaires diront leur ras-le-bol de cet immobilisme politique. Au-delà des revendications politiques, Travail.Suisse entend agir concrètement sur le terrain avec le lancement de la liste noire de RESPECT8-3.CH. Des milliers de flyers ont déjà été distribués aux quatre coins de la Suisse le 1er juin dernier à l’occasion du lancement de la liste noire de respect8-3.ch. Demain le 14 juin, Travail.Suisse et ses fédérations membres distribueront à nouveau des flyers dans toute la Suisse pour rappeler la nécessité de l'égalité salariale. Depuis le 1er juin, plusieurs dizaines d’annonces ont déjà été retournées. Chacune d’entre elles sera soigneusement vérifiée par les fédérations membres de Travail.Suisse. L’occasion sera donnée aux entreprises annoncées de démontrer qu’elles ont bien respecté leurs obligations légales.
→ Vers le manifeste de Travail.Suisse