Pourquoi je voterai NON à EFAS
Derrière cet acronyme se cache une réforme qui pourrait nous faire beaucoup plus de mal que de bien ! Le financement uniforme des soins ambulatoires et stationnaires (EFAS) part pourtant d’une bonne idée, mais le projet retenu par les chambres fédérales pose de nombreux problèmes et constitue une pression supplémentaire pour notre système de santé au bord de la rupture.
Actuellement, les cantons participent au stationnaire (à hauteur d'au moins 55%), mais pas à l’ambulatoire auquel on recourt de plus en plus. Les prestations dans le domaine ambulatoire sont en grande partie remboursées par les assureurs-maladie (les cantons ne prennent pas en charge les coûts ; les patient·e·s paient la franchise, la quote-part et la quote-part supplémentaire pour les EMS et les soins à domicile dans le domaine ambulatoire). Donc l'ambulatoire qui est fortement encouragé car il coûte moins cher au système, coûte plus cher aux payeurs et payeuses de primes.
La nouvelle répartition des coûts des soins décidée par le Parlement est la suivante : 26,9% seront financés par les cantons, 73,1% par les assureurs via les primes, malgré nos efforts pour augmenter cette part de financement public (et donc financer par l’impôt plutôt que par une prime par tête injuste et antisociale). Avec EFAS, cette contribution cantonale de 26,9% ne suffira pas à couvrir les coûts actuels des soins ambulatoires et stationnaires. C’est donc avec les primes qu’on paiera le manque à gagner, avec à la clé une augmentation pour les ménages. Ou alors, pour compresser les coûts, on supprimera certaines prestations ou on diminuera les charges salariales, avec pour résultat une pression supplémentaire pour le personnel de la santé dont les conditions de travail sont aujourd’hui déjà difficiles.
En plus des risques pour la qualité des soins et les conditions de travail du personnel de la santé, la réforme prévoit de renforcer le pouvoir des assureurs-maladie et leur mainmise sur le financement de la santé. Ainsi, un fond de 11 milliards d’argent du contribuable sera confié, sans contrôle démocratique, aux assurances. Cette réforme, c’est ainsi faire grossir encore la boîte noire de notre système de santé !
Des soins de santé de qualité sont un besoin fondamental de notre population garantis par la Constitution. Le secteur de la santé doit être organisé en tant que service public et géré avec transparence, démocratiquement, financé de manière sûre et accessible à toutes et tous. La part des coûts payée par les pouvoirs publics doit augmenter de manière significative et les primes doivent être limitées à 8% maximum du budget des ménages (comme prévu lors de l'introduction de la LAMal), en fonction des revenus et avec un allègement significatif pour les enfants et les jeunes. Des soins de santé de qualité pour tous et toutes sont un droit humain et ne doivent pas dépendre d’un mauvais montage parlementaire !