Les nouvelles perspectives de financement le montrent : l’AVS est saine et repose sur une solide assise. Elles font aussi ressortir le fait que la Confédération elle-même s’est montrée alarmiste. Les moyens financiers qui seront probablement nécessaires dans 15 à 20 ans sont modérés, sans risque pour l’économie nationale et n’influent pas sur la qualité de vie de la population. Le financement de l’AVS sans démantèlement des prestations est donc maîtrisable. Etant donné que l’effectif des personnes actives ne baisse pas en Suisse, les besoins accrus sont même uniquement de nature passagère.
L’évolution démographique engendre une hausse des dépenses dans le domaine de la prévoyance vieillesse. Ce constat n’est pas nouveau, puisque cela fait 60 ans qu’on le souligne. Et pourtant, l’AVS est restée financièrement très solide jusqu’à aujourd’hui. Le Conseil fédéral et l’Office fédéral des assurances sociales s’accordent désormais à le reconnaître.
Si l’effet de transition démographique engendre à moyen terme des déficits, il s’agit de remédier à cette situation par un financement additionnel limité dans le temps. Les prestations de l’AVS sont si basses qu’on ne peut les réduire. En outre, il est faux de prétendre que les gens ont besoin de moins d’argent uniquement parce qu’ils vieillissent. Il est impensable de réduire durablement les prestations dans le but de compenser les déficits passagers. Par ailleurs, les moyens financiers additionnels indispensables affectent beaucoup moins la qualité de vie de la population qu’une coupe drastique dans les prestations.
Le véritable défi à relever, charrié par l’évolution démographique, réside dans les différences de plus en plus grandes parmi les travailleurs et travailleuses âgées, en ce qui concerne la santé, la formation et l’espérance de vie. Il faut tenir compte d’une telle évolution en décidant de l’âge de la retraite et du montant de la retraite. Afin de maintenir l’acceptabilité de l’AVS, les travailleurs et travailleuses qui ont un revenu modeste doivent également pouvoir passer leur vieillesse dans la dignité. Il importe donc que le Conseil fédéral présente des mesures calquées sur la réalité lors de la prochaine révision. Le passé a suffisamment montré qu’un démantèlement à tout prix ne peut que bloquer la situation.