Le Conseil fédéral propose aujourd’hui dans le message sur la révision 6b l’assainissement de l’AI par des réductions de rentes. Il est cynique de vendre cette mesure radicale d’économies comme soutien à la réinsertion. Pour Travail.Suisse, les réductions de rentes ne sont pas un moyen acceptable d’assainir l’AI car elle va être vidée de sa substance aux coûts des personnes concernées. L’organisation faîtière de 170’000 travailleurs et travailleuses va donc se prononcer contre la révision 6b.
La révision du système de rentes sans paliers proposée devrait augmenter l’incitation au travail pour les rentiers et rentières AI. Le problème principal aujourd’hui ne réside pourtant pas dans le manque d’incitation au travail. Le rentier AI qui veut engager sa capacité de prestation partielle sur le marché du travail ne trouve tout simplement pas de job. Une condition pour que cette incitation au travail puisse fonctionner dépend de la mise à disposition de places de travail. Seule une obligation à l’égard des employeurs peut y contribuer, comme Travail.Suisse l’a déjà proposé, via son modèle détaillé d’intégration dans le cadre de la révision 6a. Des réductions de rentes ne seraient pas nécessaires si des pas étaient faits dans la direction d’une réinsertion réaliste.
Changement de système comme couverture abusive pour les réductions de rentes
Sous ces conditions, l’AI ne va pas économiser parce qu’elle réinsère plus de personnes AI mais simplement parce qu’elle réduit les rentes et prend de l’argent aux personnes concernées. Les parents passeront même deux fois à la caisse parce qu’ils devront accepter en plus des réductions générales de rentes aussi la réduction des rentes pour enfants. Ce n’est pas acceptable. Le moyen qui tranche dans le vif des réductions de rentes est irresponsable face aux rentiers et rentières concernés et mine la crédibilité de la sécurité sociale. Si on ne peut même plus se fier à des rentes en cours obligatoires, la sécurité sociale va devenir une affaire de chance. Travail.Suisse va s’engager de façon déterminée contre les réductions de rentes.
Erreur du système : réductions de prestations définitives pour un assainissement temporaire des dettes
La situation financière de l’AI est stabilisée. Pour que la révision précédente déploie vraiment ses effets, la plus grande partie des économies de 6b ne doivent pas être utilisées pour compenser les déficits mais pour le remboursement des dettes. Le remboursement des dettes est un projet limité dans le temps. Les réductions proposées de prestations sont pourtant définitives et pas limitées jusqu’à la fin du remboursement des dettes. Cela n’est pas tenable. Si l’AI a besoin temporairement de plus de moyens pour réduire les dettes, il faut le faire avec des moyens supplémentaires limités dans le temps. Une révision 6b qui, par le biais de pures réductions de rentes, sert principalement l’élimination des dettes n’est pas nécessaire.