Comptes 2019 : « excédent réjouissant » qui ne nous réjouit plus
Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, prend acte qu’une fois de plus les comptes de la Confédération sont bien meilleurs que prévu, de l’ordre de deux milliards de francs. C’est réjouissant seulement au premier regard. Car des budgets systématiquement trop conservateurs par rapport aux comptes, cela donne une image faussée de la marge de manœuvre financière et de la capacité de l’Etat à investir.
Cela fait plus de 15 ans que quasiment chaque année les comptes sont bien meilleurs que les budgets. Rien que du côté des dépenses, les erreurs d’estimation cumulées depuis 2003 dépassent les 15 milliards de francs. Et en raison d’une application rigide du frein à l’endettement, ces 15 milliards de francs n’ont servi qu’à réduire la dette de la Confédération qui a atteint un niveau extrêmement bas de moins de 15% du PIB. Même le FMI et l’OCDE, des organisations qui plaident pourtant pour un fort libéralisme économique, ont critiqué la rigidité du frein à l’endettement suisse en estimant que les dépenses publiques sont insuffisantes, bien inférieures à celles des autres pays de l’OCDE. Ces milliards de francs auraient pu et dû être investis dans des tâches fondamentales pour le bien-être général comme la formation, le développement des infrastructures de transport public, le soutien aux énergies renouvelables et une meilleure conciliation entre la vie professionnelle et privée.
Du fait de la poursuite une fois de plus de fortes erreurs d’estimation budgétaire, Travail.Suisse propose que l’on revoie enfin la règle du frein à l’endettement en modifiant la loi sur les finances. Il s’agit en particulier de relever le plafond de dépenses inscrit au budget automatiquement du solde de crédits. Le fait que le Parlement ait été renouvelé en automne 2019 doit nous encourager à remettre l’ouvrage sur le métier.