Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante de 170’000 travailleurs et travailleuses est satisfaite de la décision du Conseil fédéral de ne pas augmenter les contingents de travailleurs et travailleuses de pays tiers. Au vu des prévisions conjoncturelles à venir et dans le contexte de lacunes constatées dans les mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes, une augmentation aurait été peu compréhensible.
La décision du Conseil fédéral est tout de même à saluer car, dans les coulisses, les milieux économiques étaient actifs pour augmenter les contingents. Toutefois, quand la reprise sera là et que l’évolution démographique fera sentir plus fortement ses effets, la pression pour augmenter les contingents sera forte car la pénurie de personnel qualifié et moins qualifié occupera à nouveau le devant de la scène. A ce moment-là, une augmentation des contingents pourra être acceptée pour autant que certaines conditions soient remplies, en particulier la nécessité de prendre des mesures pour la formation et la formation continue en Suisse et davantage de moyens pour l’intégration.
Intégration : inciter et pas seulement obliger
Travail.Suisse salue donc, dans le contexte de la consultation sur la loi fédérale sur les étrangers et leur intégration, la libération jusqu’à 40 millions de francs en plus pour l’intégration. Il est aussi réjouissant que l’avant-projet prévoit que l’employeur contribue à l’intégration de ses travailleurs étrangers et des membres de leur famille. C’est une demande récurrente de Travail.Suisse.
En revanche, les obligations, par exemple les connaissances linguistiques comme condition au regroupement familial, si elles partent d’une bonne intention, représentent une discrimination puisqu’elles s’appliqueront aux ressortissants de pays tiers et aux conjoints étrangers de Suisses mais pas aux ressortissants de pays de l’UE. Il est permis de se demander dans la pratique si on obligera un cadre d’un pays tiers à suivre un cours de langue pour qu’il ait le droit à faire venir sa famille. Dans la concurrence des « talents » que se livreront toujours plus les pays développés pour attirer des migrants très qualifiés, cela pourrait être contre-productif. Il vaudrait mieux inciter qu’obliger !