Du 3 au 14 décembre 2018, la ville polonaise de Katowice accueillera la 24ème conférence des parties (COP 24) de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques. L’un des buts est de réévaluer les contributions nationales pour répondre à l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat pour limiter la hausse des températures à moins de 2°C et si possible à 1,5°C. Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, demande à la Suisse de s’engager pour limiter le réchauffement à 1,5°C et de soutenir « un plan d’action pour la transition juste ».
Un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui vient d’être publié, montre la nécessité de limiter le réchauffement du climat à 1,5°C plutôt qu’à 2° pour atténuer bien plus nettement les températures extrêmes, les sécheresses, les fortes précipitations, la perte de biodiversité et de rendement des cultures sans parler des dommages considérables aux infrastructures. Comme le réchauffement est plus élevé sur les régions froides des Alpes, une hausse de 1,5°C des températures dans le monde équivaut encore à une hausse de 3°C pour la Suisse.
Trente ans pour renoncer aux énergies fossiles en Suisse
Or, limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C implique de parvenir à zéro émission nette de CO2 d’ici 2050 au plus tard dans le monde indique le GIEC. Nous avons ainsi trente ans pour renoncer entièrement aux énergies fossiles. Cela est possible : par exemple, en Suède, le chauffage au mazout et au gaz a pratiquement disparu et les énergies fossiles seront bannies au plus tard en 2045.
« C’est pourquoi, les objectifs de réduction du projet de révision de loi sur le CO2 sont encore insuffisants au vu des derniers éléments fournis par le GIEC et la Suisse doit accélérer le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre », indique Denis Torche, responsable de la politique climatique à Travail.Suisse. Dans l’objectif de la nouvelle loi sur le CO2 de réduire d’ici à 2030 les émissions de 50% par rapport à 1990, 80% et pas seulement 60% de la réduction doit être réalisée en Suisse. Il faut aussi fixer dans loi l’objectif de parvenir à zéro émission en 2050. Il en résultera une poussée de l’innovation en Suisse. On exportera ainsi plus nos technologies propres au lieu d’en importer, avec des répercussions favorables pour la compétitivité et l’emploi en Suisse.
Par ailleurs, pour Travail.Suisse, les mesures actuelles et celles prévues dans la nouvelle loi sur le CO2 ne suffiront pas à réduire les émissions de 30% en Suisse d’ici 2030 par rapport à 1990. Il faudra relever encore la taxe sur le CO2 et réduire davantage la consommation de carburants. D’autres mesures, comme une taxe sur les billets d’avion et l’interdiction d’installation de tout nouveau chauffage aux énergies fossiles d’ici une dizaine d’années, seront aussi requises.
Se soucier de la transition juste – exemple criant des gilets jaunes en France
Des objectifs climatiques plus ambitieux provoqueront des changements structurels plus importants et plus rapides pour l’économie et le marché du travail. Il faudra plus tenir compte de leurs effets sur l’emploi, la formation, le perfectionnement professionnel et les reconversions professionnelles des personnes travaillant dans des secteurs économiques mis en difficulté par la transition énergétique.
C’est pour en tenir compte que la notion de transition juste figure dans le préambule de l’Accord de Paris sur le climat. Hélas, on ne trouve pas la moindre référence à la transition juste dans le message du Conseil fédéral sur la révision totale de la loi sur le CO2 pour la période postérieure à 2020. Or, la nécessité de réduire considérablement et à brève échéance les émissions de gaz à effet de serre remodèlera plusieurs secteurs industriels. Si les gouvernements veulent avoir le soutien de la population pour leurs politiques climatiques, les travailleurs et travailleuses touchés doivent aussi être soutenus. Ceci exige un engagement ferme en faveur d’une transition juste et du travail décent, en favorisant les transitions professionnelles et en organisant l’anticipation du changement par la participation des travailleurs et travailleuses. « Les manifestations actuelles en France des gilets jaunes contre la taxe carbone sonnent comme un avertissement à cet égard en illustrant parfaitement la nécessité d’accompagner socialement la transition énergétique en cours », explique Denis Torche.
Pour parvenir à une économie à une intensité de carbone proche de zéro, celle-ci devra donc être équitable et inclusive. Dans ce sens, Travail.Suisse demande à la Suisse d’œuvrer à la Conférence sur le climat de Katowice pour une « Déclaration ministérielle sur la transition juste et le travail décent forte » afin de renforcer l’engagement politique pris dans l’Accord de Paris d’aborder la transition juste et le travail décent dans la mise en œuvre des politiques climatiques.
Pour d’autres renseignements :
Denis Torche, responsable de la politique climatique, mobile 079 846 35 19