En règle générale, les femmes au foyer qui souhaitent se réinsérer dans la vie professionnelle après une interruption de leur activité lucrative pendant plusieurs années n’ont pas droit à une longue période d’adaptation. Elles doivent le plus rapidement possible se mettre professionnellement « à jour », s’adapter à l’entreprise et parallèlement réorganiser leur vie privée. Si les obstacles à surmonter sont trop nombreux, un stage peut constituer une réinsertion appropriée dans la vie professionnelle. Ceux-ci sont pourtant rares, en dépit d’une forte demande.
Dans le cadre du projet « Expérience ReProf », nous avons étudié ce dont les femmes au foyer ont besoin après une longue interruption de leur activité lucrative pour réussir leur retour à la vie professionnelle. La possibilité de faire un stage est l’un des aspects qui sera examiné de plus près ci-dessous. En règle générale, les mères de famille qui reprennent une vie professionnelle ne bénéficient pas d’un temps d’adaptation plus long que d’autres travailleurs. Et ce, bien qu’il leur faille, la plupart du temps, faire face à un travail d’adaptation à divers niveaux. D’une part, elles ont souvent des lacunes professionnelles dues à la longue interruption de leur activité rémunérée. L’employeur attend d’elles qu’elles rattrapent le plus vite possible leur retard. D’autre part, les femmes souhaitant se réinsérer doivent de nouveau s’intégrer dans la hiérarchie de l’entreprise, se conformer à des procédures imposées et réorganiser les tâches familiales.
Lorsque les obstacles à franchir sont trop nombreux, un stage offre une possibilité de se préparer à reprendre une activité professionnelle. C’est un terrain d’apprentissage, où les femmes souhaitant se réinsérer peuvent appliquer et approfondir ce qu’elles ont appris de nouveau. Elles acquièrent également de l’expérience dans les domaines où elles rencontrent encore des problèmes. Les spécialistes que nous avons interrogés nous ont confirmé que les stages sont très précieux, car ils permettent aux femmes en réinsertion d’acquérir de l’expérience au sein d’un monde professionnel qui a changé et d’obtenir un certificat de travail actualisé. Par conséquent, ces places de stage font l’objet d’une forte demande, et les spécialistes déplorent le fait qu’elles sont trop rares.
L’assurance-chômage n’offre guère d’accès à des programmes d’emploi
Avec les programmes d’emploi, l’assurance-chômage dispose d’un instrument permettant d’intégrer dans le monde du travail des personnes inscrites au chômage, en les affectant à une activité pendant plusieurs mois. Les personnes assurées ont accès aux programmes d’emploi qui font partie des mesures relatives au marché du travail. Pour les personnes assurées dont le placement est difficile, il existe encore éventuellement des allocations d’initiation au travail permettant de les indemniser pour une remise au courant extraordinaire. Toutefois, la majeure partie des femmes en réinsertion n’ont pas droit aux indemnités journalières de l’assurance-chômage. En raison de la longue période pendant laquelle elles n’ont pas exercé d’activité salariée, elles ne remplissent pas les conditions relatives à la période de cotisation1. En tant que personnes non assurées, elles sont exclues des prestations prévues par l’assurance-chômage.
Désormais, les offices régionaux de placement (ORP) ont la possibilité de donner accès aux mesures relatives au marché du travail, à des personnes non assurées, via l’art. 59d de la LACI. Les ORP décrètent surtout – grâce à cet article d’exception – des mesures de formation. Car les mesures relatives à l’emploi destinées à des personnes non assurées soulèvent des problèmes en matière d’assurance sociale, en particulier avec l’assurance-accident. En réalité, la plupart des femmes souhaitant se réinsérer dans la vie active n’ont pas accès à des stages.
Il existe peu de cours comportant aussi des stages
Par la suite, la direction du projet a demandé à des prestataires de formation exerçant leurs activités dans l’ensemble de la Suisse s’ils combinaient stages et offres destinées à des femmes voulant se réinsérer. La possibilité d’effectuer un stage n’existe que dans une offre sur huit. De même, les journées portes ouvertes et les contacts avec des employeurs potentiels sont offerts, mais dans une moindre mesure. Au total, un cinquième des prestataires de formation ont indiqué qu’ils offraient des stages ou des journées portes ouvertes et des contacts avec des employeurs potentiels. Les prestataires de formation ne réussissent donc qu’insuffisamment à combler le manque de places de stages.
Il faut promouvoir la création de stages par les cantons
L’initiative du Département fédéral de l’économie visant à combattre la pénurie de personnel qualifié qualifie les mères de famille n’exerçant pas d’activité professionnelle et titulaires d’un diplôme du degré secondaire II comme un potentiel permettant de remédier à la pénurie de personnel qualifié. Pour faciliter le retour à la vie professionnelle des femmes au foyer qui n’exercent pas d’activité rémunérée, il faut tout un éventail de mesures, dont fait partie également la création de nouvelles places de stage. Cette tâche ne peut être menée à bien ni par l’assurance-chômage, ni par la majorité des prestataires de cours. Ce sont les cantons qui devraient l’assumer. Ils pourraient encourager les stages destinés à des femmes désireuses de se réinsérer dans la vie professionnelle, à l’instar de la promotion des places d’apprentissage. À cet effet, il faut un service qui crée et organise des places de stage par le biais de contacts avec des entreprises. Ce service peut être établi dans les structures cantonales existantes ou être attribué à une instance externe. Les centres de consultation du réseau plusplus.ch destinés aux femmes, centres spécialisés dans le conseil offert aux femmes souhaitant reprendre une vie professionnelle, se proposent par exemple d’agir en tant qu’office de placement externe. Les stages destinés à des femmes en réinsertion, bénéficiant de bonnes qualifications, devraient être accueillis avec intérêt par les branches qui se plaignent d’une pénurie de main-d’œuvre.
Le développement d’une structure de jour destinée à des écoliers et à des enfants en âge préscolaire, couvrant le pays tout entier et répondant aux besoins, à des prix abordables, est essentiel pour augmenter l’activité professionnelle des femmes au foyer. Mais de nombreuses femmes qui souhaitent se réinsérer dans la vie professionnelle ont également besoin de suivre des formations continues à un prix abordable et adaptées à leurs besoins. Il faut en outre des offres de consultation permettant d’accompagner celles dont le processus de réinsertion s’étend sur une longue période. Enfin, soutenir financièrement les efforts de formation et le développement de stages en nombre suffisant sont autant d’éléments qui faciliteront le retour à la vie professionnelle des femmes en réinsertion tout en permettant d’obtenir du nouveau personnel qualifié.