Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses considère un éventuel rétablissement de contingents pour les ressortissants des 15 anciens pays membres de l’UE comme une manoeuvre dilatoire dont la portée pratique serait très faible mais négative sur le plan de la politique extérieure.
En effet, si le Conseil fédéral décidait finalement de rétablir les contingents, cela aurait lieu à un moment où la demande de main-d’œuvre étrangère faiblit de toute façon en raison de l’évolution conjoncturelle. De toute manière, cette mesure n’aurait qu’une efficacité extrêmement limitée puisque cela ne concerne que les permis de longue durée (15’000 permis par an au maximum étaient délivrés lors de la période contingentée). Au vu des conditions de l’accord sur la libre-circulation des personnes, le rétablissement des contingents ne pourrait faire refluer l’immigration de ressortissants de l’UE que de quelques milliers de personnes, ce qui est négligeable pour le marché du travail.
Le jeu en vaudrait d’autant moins la chandelle si l’on considère que cette mesure aurait un effet politique négatif sur nos relations avec l’UE, à un moment où, justement, la Suisse est déjà mise sous pression.
Travail.Suisse attend du Conseil fédéral qu’il communique à la population que ce n’est pas l’immigration en provenance de l’UE qui menace les emplois ; il est aussi indispensable qu’il prenne des mesures supplémentaires pour endiguer le chômage, du à la crise économique et financière, dans un paquet de relance III. Dans cette perspective, le Conseil fédéral doit préparer des mesures et mettre des moyens à disposition pour lutter contre le chômage des jeunes, mieux requalifier les chômeurs indigènes et étendre à 24 mois la durée du chômage partiel avec des conditions de formation continue.