Pour Travail.Suisse, le 7 mars 2010 l’avenir de la prévoyance professionnelle est en jeu. Une épargne forcée d’un ordre de grandeur de plusieurs douzaines de milliards de francs par an ne peut se réaliser et se justifier que si la population peut avoir confiance dans les prestations des caisses de pension. Un démantèlement à la légère des rentes remet en question la légitimité de la prévoyance professionnelle.
Pour Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, une réduction supplémentaire du taux de conversion est précipitée et inutile. Ni l’espérance de vie, ni les perspectives de rendement justifient le démantèlement des rentes :
- L’argumentation basée sur l’augmentation de l’espérance de vie ne convainc pas car cette augmentation, bien étayée jusqu’ici par la statistique, a déjà été prise en compte dans la dernière révision de la LPP. Il n’y a pas de nécessité d’agir sur ce plan.
- Le taux de conversion représente un niveau à long terme. Ce ne sont pas les évolutions à court et moyen terme sur les marchés financiers qui sont déterminantes pour le taux de conversion. C’est ainsi que le taux de conversion n’a pas été relevé aussi dans les périodes de taux élevés des années nonante ou lors des années où la bourse affichait des résultats records. Les indicateurs à long terme indiquent qu’un taux de conversion de 6,8% est justifié.
Un démantèlement à la légère des rentes mine la confiance dans le 2e pilier
La baisse du taux de conversion n’a pas seulement un effet matériel mais aussi un effet psychologique. Si les prestations se détériorent régulièrement, la confiance s’en va. La réduction prévue du taux de conversion entraîne une baisse des rentes de 10% dans un très court délai. Les travailleurs et travailleuses concernés juste avant d’avoir atteint l’âge de la retraite auront eu une vraie malchance. Car cette perte n’est pas corrigible pour eux. Cela vaut en particulier pour les travailleurs et employés aux revenus modestes pour lesquels la rente de la prévoyance professionnelle a une grande signification pour la sécurité financière lors de la retraite. La conception des associations économiques de vouloir forger la confiance dans le 2e pilier avec un démantèlement des rentes est pour le moins curieuse. C’est le contraire en fait qui est vrai : de telles réductions de rentes prises à la légère et à court terme minent gravement la confiance des travailleurs et travailleuses dans le 2e pilier et aussi la légitimation politique.