Après la crise du coronavirus, pas de programmes d’économie !
La crise du coronavirus entraîne des dépenses supplémentaires massives de l'État. Mais grâce à un très faible taux d’endettement, la situation financière des administrations publiques n’est pas mise en danger. La Suisse peut se permettre sans problèmes un endettement plus élevé. Cela est en tout cas bien préférable à tout programme d’économie potentiel qui ne ferait que compromettre la reprise économique attendue l’an prochain.
L’ampleur de l’aide étatique dépasse, avec près de 64 milliards de CHF, largement celle accordée lors de la crise financière de 2008. Toutefois, grâce à un très faible taux d’endettement, les finances publiques ne sont pas menacées. En effet, la dette publique de la Suisse (tous niveaux étatiques) se montait à 188 milliards de francs fin 2019. Rapportée au produit intérieur brut (PIB), cela représente un taux d'endettement de 27% (Confédération: 12,7%; cantons: 7,7%; communes: 6,6%). C’est très peu en comparaison internationale (86% en moyenne dans l’UE) et aussi par rapport aux taux d’endettement public de la Suisse dans le passé (48% environ en 2003). L’illustration ci-après montre la situation réjouissante des finances publiques de la Confédération, des cantons et communes.
Source : administration fédérale des finances, communiqué du 5 mars 2020
La dette de la Confédération a fortement baissé passant de 26,1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2003 à moins de 13% du PIB en 2019. En ajoutant les 64 milliards de soutien accordés à ce jour à l’économie, cela représente environ 20 pourcent du PIB (de 700 milliards de CHF en 2018), ce qui demeure toujours bien inférieur au niveau de 2003. Mais comme sur cette somme plus de la moitié représente des crédits remboursables, la dette n’augmentera que de 1 ou 2 points de pourcentage. Le substrat fiscal est ainsi largement préservé. Mais un autre facteur qui sera déterminant pour les finances publiques ces prochaines années sera la manière dont l'économie se redressera ou la durée de la récession. Jusqu'à présent, tous les instituts de prévision s'attendent à une récession relativement courte. Selon ces prévisions, la croissance devrait reprendre de manière significative dès 2021. A plus long terme, c’est pour les cantons que pourrait se poser un problème d’endettement car la tendance lourde de l’évolution démographique va les obliger à dépenser beaucoup plus pour la santé de la population âgée. Il faudra sans doute revoir les flux financiers entre la Confédération et les cantons et prélever de nouvelles recettes pour éviter un endettement excessif des cantons.
Marge de manœuvre suffisante pour des programmes d’investissements ciblés
On ignore avec précision quelle dette globale la Confédération devra contracter pour faire face à la crise du coronavirus. Le coût prévisible pour les finances fédérales en l’état actuel serait de 25 à 30 milliards de CHF. La situation des finances publiques va donc se détériorer à court terme mais le taux d’endettement restera très supportable. Malgré tout, et en dépit du bon sens, la droite et les milieux économiques vont sans doute faire pression pour mettre en place des programmes d’économie. Ce serait contreproductif car cela menacerait la reprise et aurait, avec une baisse des rentrées fiscales, des répercussions négatives pour les finances publiques. Il serait alors bien moins contreproductif de renoncer à certaines nouvelles baisses fiscales pour les grandes entreprises multinationales. Il faut alors en particulier renoncer à la suppression des droits de timbre car cela ferait perdre deux milliards de CHF par année aux pouvoirs publics.
La situation des finances publiques est suffisamment solide pour non seulement éviter des programmes d’économie contreproductifs mais aussi pour soutenir l’économie par une augmentation ciblée des investissements. Il faut le faire en particulier pour la décarbonisation de l’économie et l’amélioration de la conciliation entre la vie professionnelle et privée. Cela permettra, d’une part, de sauvegarder des emplois et d’en créer et, d’autre part, de garantir le développement durable de la Suisse.