Les travailleurs et travailleuses en Suisse sont moins satisfaits de leur revenu, craignent plus pour leur emploi, ressentent davantage le stress et les charges psycho-sociales sur leur lieu de travail. En outre, pour une partie leurs efforts de formation continue ne sont pas assez soutenus comme le montre l’édition de cette année du « Baromètre Conditons de travail ».
Le « Baromètre Conditions de travail » est un projet de coopération de Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, et de la Haute école spécialisée bernoise. Il évalue depuis 2015 des résultats représentatifs sur la qualité des conditions de travail en Suisse et les changements qui les affectent. Les résultats de la 5ème enquête du « Baromètre Conditions de travail » montrent une détérioration continue dans l’évaluation des conditions de travail. En 2019, il n’y a eu qu’un critère parmi les 20 retenus qui a été meilleur que l’an passé et plus de la moitié de tous les critères obtiennent même les valeurs les moins bonnes des cinq dernières années.
« La pression exercée sur les travailleurs et travailleuses est toujours plus forte et les charges psycho-sociales comme le stress ou des états d’épuisement émotionnel, s’accroissent », indique Gabriel Fischer, responsable de la politique économique à Travail.Suisse. La flexibilisation du temps de travail fait perdre aux travailleurs et travailleuses la maîtrise de leur temps de travail et la conciliation entre la vie professionnelle et privée est rendue plus ardue. En même temps, la stagnation des salaires au cours des dernières années a provoqué une baisse de la satisfaction de son revenu et l’évolution conjoncturelle, ainsi que la transformation numérique, renforcent la crainte pour son emploi.
Plus de stress – moins bonne santé
Il y a quelques semaines, les résultats de l’enquête suisse sur la santé de l’Office fédéral de la statistique OFS ont montré un accroissement très fort du stress dans le monde du travail entre 2012 et 2017. Les résultats du « Baromètre Conditions de travail » confirment cette évolution : 42.3 pourcent des travailleurs et travailleuses se sentent souvent ou très souvent stressés – une hausse de 2.3 pourcent par rapport à l’an passé. « Le stress apparaît de plus en plus comme un phénomène de masse et, malgré l’accumulation d’états d’épuisement émotionnel qui fait courir un risque pour la santé des travailleurs et travailleuses, la politique n’est toujours pas parvenue à ordonner un monitorage régulier du stress », critique Gabriel Fischer.
Moins de sécurité – plus de problèmes pour la conciliation
La dimension sécurité a évolué très négativement. D’un côté, il y a toujours plus de travailleurs et travailleuses qui se font du souci pour leur emploi et, de l’autre, la stagnation des salaires des dernières années laisse des traces – déjà 12.4 pourcent considèrent que leur revenu n’est pas (plus) adéquat (9.4 pourcent en 2016). La flexibilisation unilatérale du temps de travail ces dernières années provoque de plus grands problèmes pour concilier la vie professionnelle et privée. Environ un sondé sur quatre témoigne de problèmes de cette nature – en hausse de 4.5 pourcent par rapport à 2015. « Une flexibilisation unilatérale fait perdre aux travailleurs et travailleuses la maîtrise de leur temps de travail. Cela rend plus difficile la planification et empêche la conciliation », indique Gabriel Fischer.
Grandes différences dans le soutien à la formation continue
Bien que l’on considère la formation et la formation continue comme cruciales pour gérer avec succès le changement structurel, une majorité des travailleurs et travailleuses ne se sent pas ou pas assez soutenue par leur employeur pour leur formation continue. Un sondé sur trois n’a pas suivi de formation continue l’année passée, un tiers l’expliquant pour cause d’un trop faible soutien de l’employeur et un quart pour cause financière ou liée au temps. Parmi ceux qui ont suivi une formation continue l’an passé, on voit de grandes différences concernant l’étendue du soutien : 41.9 pourcent ont reçu un soutien financier et temporel (la formation compte comme temps de travail) complet contrairement à juste un quart qui n’a pas eu de soutien du tout (15.6%) ou au mieux un soutien partiel dans un domaine (8.6%).
» Graphique interactif du „Baromètre Conditions de travail“ sur le Blog „knoten und maschen“ (seulement en allemand)
» Editions plus anciennes du „Baromètre Conditions de travail“ sous: www.travailsuisse.ch/de/barometre