Crise du coronavirus: Fixer le cap sur l'atténuation de la crise
Les partenaires sociaux et les associations économiques ont tenu aujourd'hui une table ronde avec le conseiller fédéral Guy Parmelin sur la situation économique suite à la crise du coronavirus. Travail.Suisse, l'organisation faîtière indépendante des travailleuses et des travailleurs, a rappelé la situation difficile des salarié.e.s. Elle estime que les chiffres du chômage, déjà maintenant en hausse, et les perspectives économiques sombres sont très préoccupants. Il est urgent de mettre en place dès maintenant les mesures nécessaires pour atténuer la crise économique à venir.
Malgré la réouverture presque complète de l'économie, un nombre considérable de salarié.e.s travaillent toujours avec un horaire réduit. Fin mai, près de 55’000 personnes de plus qu'il y a un an sont inscrites au chômage. Au total, près de 155’000 personnes sont sans emploi, ce qui est déjà plus qu'au plus fort de la crise financière il y a dix ans. La crise économique résultant de la pandémie de coronavirus progresse rapidement et devrait s'aggraver encore dans les mois à venir. "Des temps difficiles vont toucher les salarié.e.s, et il est urgent d'adopter une approche réfléchie dès maintenant afin d’atténuer la crise économique plutôt que de l'alimenter davantage", déclare Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse. Du point de vue de Travail.Suisse, les trois domaines suivants sont essentiels :
• Les revenus et l'emploi doivent être davantage stabilisés : La réduction de l’horaire de travail a jusqu'à présent empêché des effets encore plus massifs sur le marché du travail. Les employeurs sont toujours appelés à utiliser cet instrument et à s'abstenir de licencier. Il est maintenant clair que le marasme économique durera plus longtemps. Et il y a aussi de bonnes nouvelles: Travail.Suisse se félicite de l'extension annoncée de la période maximale de 12 à 18 mois pendant laquelle une indemnité de chômage pour réduction de l’horaire de travail peut être versée, afin d'éviter des pertes d'emploi inutiles à moyen terme. L'extension de la réduction de l’horaire de travail a également contribué de manière importante à la sécurisation des salaires et des revenus. Néanmoins, le taux de remplacement des salaires de 80 % entraîne d'importantes pertes de revenus chez les employé.e.s et aggrave la crise. Pour les travailleurs à faible revenu, l'indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail devrait donc être temporairement portée à 100 % afin de maintenir le pouvoir d'achat et de soutenir l'économie. Pour Travail.Suisse, il est clair que ces coûts de la LACI dus à la crise du coronavirus ne doivent pas émarger à l'assurance elle-même mais être financés par les fonds fédéraux généraux.
• Pas de mesures d'économie inutiles : Les mesures de réduction des coûts doivent être évitées à tout prix. Celles-ci ralentiraient la reprise économique et mettraient en danger l'emploi. La politique fiscale doit être expansionniste compte tenu de la faiblesse économique persistante attendue. Cela vaut tant pour la Confédération que pour les cantons, les villes et les communes. Durant la crise du coronavirus, le service public a montré combien il est vital pour le fonctionnement d'un pays et doit par conséquent être renforcé.
• Mettre en place des mesures ciblées pour stimuler l'économie : Un effondrement de la demande menace d'aggraver la situation économique ou du moins de prolonger la récession. Les mesures de relance économique prises par le secteur public grâce à l'activité d'investissement et à l'augmentation du pouvoir d'achat contribuent à atténuer la crise économique et à préserver les emplois. L'administration doit préparer les projets d'investissement de manière à ce qu'ils puissent être mis en route rapidement si nécessaire. Des instruments appropriés doivent être mis en œuvre pour déclencher de tels investissements aux niveaux inférieurs de l'administration par le biais d'incitations (financières) de la Confédération. En outre, la consommation privée doit être renforcée par une diminution plus importante des primes d'assurance maladie, des réductions plus importantes de primes, des bons pour le tourisme (intérieur), la gastronomie et l'hôtellerie ou un doublement temporaire des allocations familiales.
Manque de clarté pour les employés vulnérables
Cependant, il subsiste un manque de clarté dans le domaine des travailleurs et travailleuses vulnérables. Deux questions restent au centre des préoccupations: qu'est-ce qui s'appliquera après l'expiration des ordonnances COVID en septembre ? Tout d'abord, comment le maintien du paiement des salaires sera-t-il réglementé pour les employés vulnérables pour lesquels le travail à domicile ou une autre organisation du travail n'est pas possible et qui sont donc dispensés de travail ? Deuxièmement, comment peut-on réglementer la protection de la santé des travailleurs vulnérables ? L’ordonnance sur les allocations pour perte de gain en cas de quarantaine sera progressivement supprimée et les quarantaines seront considérées comme des jours de maladie. Il est important que les mises en quarantaine soient rendues possibles. Ceci est pertinent si le nombre d'infections augmente à nouveau ou si la Suisse est frappée par une deuxième vague. Travail.Suisse réclame enfin une sécurité juridique pour les travailleurs et les travailleuses les plus touchés par le coronavirus.
Plus d’informations :
Adrian Wüthrich, Président de Travail.Suisse, Mobile: 079 287 04 93