La population suisse a montré aujourd’hui qu’elle tient à la solidité de son assurance invalidité. Mais le financement additionnel ne dissipe en aucun cas tous les soucis de l’AI. Si l’on veut vraiment assainir l’AI, il faut partir sur de nouvelles bases. C’est pourquoi Travail.Suisse revendique que la 6e révision de l’AI introduise une obligation à la charge des employeurs d’occuper des personnes handicapées. En effet, le surcroît de pression sur les travailleuses et les travailleurs et sur les rentières et les rentiers ne suffira pas à lui seul à assainir l’AI.
Travail.Suisse se réjouit que le oui d’aujourd’hui accorde les recettes supplémentaires urgentes et nécessaires à l’AI. Les partis bourgeois et les employeurs partent comme toujours du principe que les étapes ultérieures d’assainissement doivent mettre la pression sur les travailleuses et les travailleurs et sur les rentières et les rentiers AI. Mais l’assainissement de l’AI ne peut pas se faire sur leur dos. Du côté des employeurs, il faudra d’une façon ou d’une autre mettre la main à la pâte. En effet, l’augmentation des cas de rente est due en bonne partie au fait que nous travaillons dans une économie qui n’octroie plus de place à tous. Cette situation ne va pas changer toute seule.
Réadapter les rentiers : oui, mais comme il faut
Les premières propositions pour la 6e révision de l’AI sont sur la table. Le nouveau credo s’intitule « réadapter les rentiers ». Les rentières et les rentiers AI qui présentent un potentiel de réadaptation doivent être réintégrés sur le marché du travail. On ne peut rien reprocher à ce principe pour autant que les places de travail nécessaires soient mises à disposition. Mais obliger les rentières et les rentiers AI à se réadapter tout en leur supprimant leur rente, et ceci sans leur offrir les places de travail nécessaires, c’est les expédier tout droit sur la voie de l’assurance-chômage et de l’aide sociale. C’est une alternative insoutenable.
Pas d’assainissement de l’AI sans obligation à la charge des employeurs
Le passé nous enseigne que la seule bonne volonté des employeurs ne suffit pas à augmenter l’embauche de personnes ayant un handicap. Travail.Suisse est d’avis qu’il est nécessaire d’inscrire clairement dans la loi une obligation à la charge des employeurs de créer ces places de travail. Ceux-ci ont le choix : soit ils participent à long terme à l’assainissement de l’AI par des contributions supplémentaires, soit ils s’obligent à mettre à disposition autant de places qu’il faut pour entamer une vraie offensive au plan de la réadaptation.
L’économie suisse occupe peu de handicapés
Comparé aux pays voisins, l’économie suisse occupe très peu de personnes handicapées. Alors qu’en Suisse le taux d’occupation des handicapés n’atteint même pas un pourcent des actifs, en Allemagne et en France il se monte à 4 %. Ces pays ont des quota obligatoires qui permettent d’atteindre un objectif élevé en matière de réadaptation.
Si la Suisse réservait la même proportion de places de travail pour handicapés que de l’autre côté de la frontière, l’AI serait en grande partie assainie ! C’est pourquoi il est urgent d’introduire dans la 6e révision une obligation à la charge des employeurs d’offrir les places nécessaires.