Le niveau des rentes de la prévoyance vieillesse est faible. Il n’y a pas de marge de manoeuvre vers le bas. La situation financière actuelle de l’AVS et du 2e pilier est stable. Il faut toutefois trouver un financement supplémentaire pour gérer le pic démographique. Le meilleur moyen d’assurer le financement réside dans un automatisme financier transparent pour la population.
Le projet de révision du Conseil fédéral a pour objectif de rendre l’AVS et le 2e pilier aptes à relever les défis du futur. Il est nécessaire de jeter un regard lucide sur le niveau des rentes et le financement de la prévoyance vieillesse afin de déterminer les mesures qui doivent être prises.
Aucune marge de manoeuvre pour baisser les rentes
Le niveau actuel des rentes de l’AVS et du 2e pilier est faible. Les rentes AVS mensuelles se situent aujourd’hui entre 1’170 et 2’340 francs, respectivement 3’510 francs pour deux rentes de couple, ce qui est extrêmement modeste. Mais la situation n’est pas meilleure en comptant le 2e pilier. La génération qui partira à la retraite dans les années 2020 à 2040, c’est-à-dire celle à qui s’appliquera le projet de révision, obtiendra une rente qui correspond à peine au 60% du dernier revenu pour ce qui concerne les faibles revenus jusqu’à 50’000 francs par an. Avec de si bas revenus, une telle rente n’est pas suffisante pour assurer le niveau de vie. Pour les revenus un peu plus élevés jusqu’à environ 84’000 francs, qui constituent la limite supérieure de la partie obligatoire de la LPP, les rentes ne suffisent déjà plus à couvrir le 60% du dernier salaire.
Pour Travail.Suisse, il est clair qu’il ne faut pas toucher aux rentes. Il n’y a aucune marge de manoeuvre dans l’AVS; un abandon de la compensation du renchérissement (combinée à l’indice mixte) n’entre pas en ligne de compte. Il faut maintenir la fixation du taux de conversion du 2e pilier dans la loi et compenser les adaptations techniques qui affaiblissent le niveau des rentes par des mesures efficaces à moyen et long terme. Le Conseil fédéral et le Parlement ne doivent pas abaisser le niveau actuel des rentes, que nous considérons comme une limite à ne pas franchir.
Sécurité et transparence par l’automatisme financier
La situation financière actuelle de l’AVS et du 2e pilier est solide. En 2012, l’AVS a fait un bénéfice de plus de 2 mia. de francs. Se montant à 42 mia. de francs, le capital couvre 109 % des dépenses annuelles, ce qui représente un solide coussin financier. La prévoyance professionnelle accuse des rendements moyens de 7%. Pour le 90% des caisses de pension privées, le taux de couverture se monte à plus de 100% et un tiers des caisses affiche même un taux de couverture de plus de 110%. Globalement, le taux moyen se monte à 106%. Grâce à l’évolution positive des marchés financiers depuis le début de l’année, cette valeur devrait avoir nettement progressé aujourd’hui.
L’avenir du 2e pilier n’est pas clair. Les pronostics de déficits en raison du taux de conversion actuel divergent fortement, se situant entre 300 et 600 mio. de francs. Globalement, l’espérance de vie croissante et les faibles taux d’intérêt indiquent qu’il existe un certain besoin d’agir pour des raisons techniques. Travail.Suisse n’exclue pas à priori une adaptation du taux de conversion si le niveau des rentes est maintenu avec des mesures de compensation.
Quant à l’AVS, les perspectives financières les plus récentes de l’OFAS indiquent un besoin de financement supplémentaire dès 2025. Ce besoin correspond à une augmentation d’au maximum 2% salariaux, respectivement 2,5% de TVA. Si cette lacune financière est comblée uniquement par des réductions de prestations, les rentes AVS, déjà basses, devraient être réduites de 20% ou alors il faudrait relever l’âge de la retraite de 3 ans pour le fixer à 68 ans. Les deux mesures sont irréalistes et n’ont aucune chance sur le terrain politique. La prévoyance vieillesse peut être financée même sans couper pareillement dans les prestations.
C’est pourquoi Travail.Suisse considère aujourd’hui l’introduction d’un automatisme financier comme étant prioritaire. Cela signifie que l’AVS reçoit automatiquement plus d’argent lorsque les réserves baissent. Ce mécanisme permet également d’améliorer la transparence. Lors des révisions, qui restent possibles, les électrices et électeurs peuvent décider s’ils veulent un relèvement de l’âge de la retraite ou une augmentation automatique de la TVA.
La qualité de vie comme critère le plus important
Comment aménager l’AVS et la LPP de manière à garantir à la population la meilleure qualité de vie? Voilà la question essentielle qu’il faut se poser à propos du projet de révision Prévoyance vieillesse 2020, qui sera également décisive lors d’une votation référendaire éventuelle. Nous sommes convaincus que le corps électoral, portant un jugement négatif sur les réductions de prestations, sera nettement plus favorable à un financement supplémentaire même provisoire pour amortir le pic démographique. C’est pourquoi, nous considérons que la révision Prévoyance vieillesse 2020 n’atteindra son but que si elle garantit le niveau des rentes et assure leur financement.