Travail.Suisse soutient l’initiative « Pour un âge de l’AVS flexible » qui sera à l’ordre du jour du Conseil des Etats demain. Après que le Conseil national a refusé toute forme de compensation sociale, il ne reste que le oui à cette initiative pour arriver à un âge de retraite flexible ouvert à tous et tenant compte des aspects de l’équité, de la santé et du marché du travail.
Pour Travail.Suisse, une flexibilisation de l’âge de l’AVS est indispensable pour les travailleurs et travailleuses pour de nombreuses raisons :
- Equité et impartialité : Ceux qui ont bénéficié d’un bon revenu pendant toute leur vie et disposent d’un solide deuxième pilier peuvent librement choisir l’âge de leur retraite. Les personnes au bénéfice d’un revenu moyen ou modeste doivent attendre jusqu’à 64/65 ans. Pour Travail.Suisse, cette situation est injuste et inéquitable. Ceux qui ont dû se contenter d’un revenu moyen ou bas pendant toute leur vie professionnelle ne doivent pas en plus être pénalisés lors de la retraite. Ces catégories de revenus doivent aussi avoir la chance de bénéficier d’une transition équitable à la retraite.
- Santé : La flexibilisation de l’âge de la retraite est un outil important pour tenir compte de l’état de santé des travailleurs et travailleuses. Certaines activités professionnelles sollicitent énormément les forces physiques et usent le corps. Dans le secteur de la construction, l’on a pris conscience de ce fait et inscrit la retraite anticipée dans une solution propre à cette branche. Dans la plupart des autres secteurs économiques, de telles solutions ne sont guère envisageables faute de partenariat social et à cause de la mobilité élevée. Les améliorations doivent donc être apportées par le biais de l’AVS.
- Marché du travail : La flexibilisation de l’âge de la retraite représente une contribution essentielle à un marché du travail souple. L’expérience des vingt dernières années a montré qu’en temps de restructurations et de chômage, les licenciements touchent en premier les travailleurs plus âgés. Avec les prestations de l’assurance chômage à l’esprit, ils sont écartés deux ans avant la retraite et n’ont pas la moindre chance de retrouver du travail. Chez les personnes concernées, l’amertume est grande, tout comme le sentiment d’être devenues définitivement inutiles en fin de carrière professionnelle. Une flexibilisation bien ciblée de l’âge de l’AVS contribuerait à une solution équitable et acceptable au niveau de la politique sociale: les travailleurs et travailleuses aux revenus modestes et moyens auraient la possibilité de participer de manière déterminante à la décision concernant leur retraite, compte tenu de leur état de santé, du marché du travail et de la situation conjoncturelle.
Pour toutes ces raisons, Travail.Suisse a toujours été favorable à l’initiative de l’Union syndicale suisse. En même temps, Travail.Suisse a intensément préparé une contre-proposition dans le cadre de la 11e révision de l’AVS en cours. Et pendant longtemps, tout semblait indiquer que les propositions de Travail.Suisse en faveur d’une compensation sociale de la flexibilisation l’âge de la retraite s’imposeraient.
Le Conseil national refusant toute forme de compensation sociale de la flexibilisation de l’âge de la retraite dans le cadre de la 11e révision AVS, la retraite avant 65 ans devient le privilège des gens au revenu confortable. Les travailleurs et travailleuses qui souhaitent un âge de la retraite flexible ouvert à tous et tenant compte des aspects de l’équité, de la santé et du marché du travail n’ont actuellement d’autre choix que de répondre haut et fort « Oui » à l’initiative « Pour un âge de l’AVS flexible ».