Il devrait être plus facile d’obtenir un Bachelor d’une Haute école spécialisée après avoir fréquenté une Ecole supérieure. Les présidents des deux domaines intensifient leur collaboration.
Les deux notions se confondent facilement. Un fossé sépare cependant les deux mondes : Alors que les Hautes écoles spécialisées (HES) ont vu leur statut réévalué à la hausse, ces dernières années, dans le cadre du système de Bologne et de la Loi fédérale sur l’encouragement et la coordination des hautes écoles (LEHE), les Ecoles supérieures (ES), un volet de la formation professionnelle supérieure, restent méconnues. Les unes et les autres relèvent pourtant du domaine tertiaire du système de formation suisse.
Il faut maintenant combler peu à peu le fossé. « Les hautes écoles universitaires, les hautes écoles spécialisées et les écoles supérieures professionnelles sont d’égale valeur et se complètent » affirme Crispino Bergamaschi. En sa qualité de président du Conseil des Hautes écoles de la Conférence suisse des hautes écoles Swissuniversities, il a pris langue avec les représentants du domaine de la formation professionnelle supérieure – dans un premier temps avec les Ecoles supérieures professionnelles. « Il nous importe d’apprendre à connaître les gens, leurs objectifs et leurs désirs ».
Obtenir un Bachelor en une année et demie
Jusqu’ici, il n’existait aucune réglementation valable dans toute la Suisse fixant les conditions d’admission d’étudiants des Ecoles supérieures dans les Hautes écoles spécialisées. Maintenant, le Conseil des Hautes écoles, dans lequel est représenté l’ensemble des recteurs, a rédigé, en accord avec le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), un document dit de Best-Practice (meilleures pratiques), qui précise les conditions d’admission et la prise en compte des prestations précédentes. Aux termes de ce document, les diplômés d’une Ecole supérieure doivent être autorisés à entreprendre les études menant à un Bachelor, sans passer d’examen d’admission, au moins pour les filières apparentées à leur formation professionnelle. Ainsi, les diplômes des Ecoles supérieures seront pratiquement mis sur le même pied que les maturités professionnelles. En outre, les 180 points du système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ETCS), nécessaires à l’obtention d’un Bachelor, peuvent être diminués de moitié. « Les responsables de filières doivent juger individuellement les postulants selon leur expérience et leur offrir des solutions taillées sur mesure » explique Bergamaschi.
Si, par exemple, une infirmière formée dans une école supérieure et ayant une expérience professionnelle de quelques années veut poursuivre sa formation dans une haute école spécialisée, elle pourrait obtenir un Bachelor en une année et demie. « Ce ne sera qu’une minorité qui empruntera la voie académique » souligne Franziska Lang-Schmid, Présidente de la Conférence suisse des écoles supérieures. « Nous approuvons chaudement la recommandation d’une telle passerelle ». Elle souligne au passage que les infirmières des écoles supérieures n’ont aucun problème pour s’affirmer sur le marché du travail. « Les deux profils de compétences y sont nécessaires ».
Réexaminer la perméabilité
Au niveau politique, les deux groupes d’intérêts luttent ensemble pour obtenir un budget plus élevé dans le domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation pour les années 2017 à 2020. Mais le Conseil national s’est prononcé pour une croissance des dépenses de 2 pour cent au lieu des 3,2 pour cent désirés.
Les représentants des deux domaines veulent se rencontrer régulièrement désormais. Les expériences actuelles concernant la perméabilité entre les ES et les HES resteront un thème important des consultations. Franziska Lang-Schmid envisagerait aussi d’informer directement le monde du travail des points communs et des différences entre les deux formations. Et Crispino Bergamaschi veut inviter prochainement les Ecoles supérieures de la région à la Fachhochschule Nordwestschweiz, dont il préside la direction. « Il nous paraît important d’être en contact et de manifester notre intérêt. »
_*Deux systèmes de formation au niveau tertiaire*
Les écoles supérieures et les examens fédéraux (CFC et diplômes fédéraux) relèvent du domaine tertiaire du système de formation suisse, sans appartenir au domaine des hautes écoles. A la Conférence suisse des Ecoles supérieures, huit domaines professionnels sont représentés : technique, hôtellerie-restauration/tourisme, économie d’entreprise, agriculture et économie forestière, santé, domaine social/formation des adultes, arts visuels/arts appliqués/design, ainsi que transports/communications.
Les Hautes écoles spécialisées de droit public reconnues au niveau fédéral sont au nombre de sept, auxquelles s’ajoute la Haute école privée Kalaidos._