Certes, les hautes écoles privées ne reçoivent pas d’argent de l’Etat, mais elles accordent beaucoup d’importance à une accréditation attribuée en vertu du droit suisse. Jusqu’à présent, deux ont obtenu le statut.
„La HES Kalaidos est une haute école spécialisée accréditée et supervisée par la Confédération.“ C’est ce que précise depuis 2005 le site Web de cette haute école spécialisée privée, établie à Zurich et qui propose des filières d’études dans les domaines de la santé, de l’économie et de la musique. L’accès au paysage officiel des hautes écoles n’a pas été une évidence pour cet établissement qui compte 2000 étudiants. Encore sous le mandat du ministre de l’éducation Pascal Couchepin, Kalaidos s’est heurtée à la ferme déclaration „il n’existe que sept hautes écoles spécialisées“. Le recteur Jakob Limacher s’en souvient : „nous avons dû lutter.“ Le 5 octobre 2004, Joseph Deiss, successeur de Couchepin, déclarait au Parlement qu’une reconnaissance était possible. Jakob Limacher ne va jamais oublier cette date. „Il nous importe beaucoup d’être considérés comme une haute école équivalente et de pouvoir porter l’appellation protégée de haute école spécialisée“, souligne le recteur. Kalaidos de bénéficie pas d’un soutien financier, d’ailleurs elle n’y aspire pas, puisqu’elle s’autofinance exclusivement grâce aux droits d’inscription et à des ressources extérieures destinées à des projets de recherche et des missions de conseils.
Présence à la Conférence des recteurs
Mais pour quelle raison les étudiants optent-ils pour une haute école spécialisée privée, pour laquelle ils doivent par exemple débourser 45 000 francs lorsqu’ils visent un bachelor en économie d’entreprise, alors qu’une formation équivalente à la Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften ne leur coûte que 5000 francs ? „Nos étudiants sont déjà plus âgés en règle générale et à mi-carrière professionnelle“, explique Jakob Limacher. L’aménagement des études est très flexible, l’étudiant a la possibilité de choisir son rythme, ce qui lui permet de concilier travail et famille. Kalaidos est la seule haute école spécialisée ayant déjà suivi la procédure d’accréditation institutionnelle, il y a deux ans. „Nous sommes désormais un partenaire d’égale valeur“, se réjouit le recteur. Et, l’année prochaine, lorsque la nouvelle Conférence des recteurs aura lieu pour la première fois, Jakob Limacher sera l’unique recteur d’une haute école privée à participer à la discussion.
Enrichissement grâce au contexte international
Dans le domaine universitaire, une institution privée propose depuis 2005 des filières d’études accréditées et elle est dotée depuis l’an passé d’une accréditation institutionnelle complète : la Franklin University Switzerland, anglophone, établie à Sorengo près de Lugano. Pour cette haute école à vocation internationale, également accréditée aux USA, la reconnaissance dont elle jouit en Suisse est synonyme d’un positionnement indéniable dans le paysage local des hautes écoles. „Nous sommes désormais mieux visibles“, souligne la doyenne Sara Steinert Borella. L’accréditation est un gage évident de qualité pour les étudiants de cette haute école qui accueille plus de 50 nationalités. Sara Steinert Borella espère que la nouvelle structure organisationnelle régie par la LEHE va favoriser l’accès au débat autour de l’enseignement et de la recherche. En outre, la double accréditation permet de bénéficier du feedback de deux équipes d’experts. „Cette perspective unique fait que nous contribuons à la diversité du paysage suisse des hautes écoles.“
D’autres institutions privées aspirent à une accréditation attribuée en vertu du droit suisse. C’est par exemple le cas de la European University établie à Genève. Elle doit choisir entre le recours à la procédure d’accréditation ou le changement de nom. Quant aux critères appliqués à la recherche, ils représentent un énorme défi pour les petites institutions sans deniers publics. Selon le directeur Luc Craen, il faudrait probablement rechercher une collaboration avec d’autres institutions. „La procédure est lourde, mais elle offre aussi la possibilité de se développer.“