Lors de la conférence sur les places d’apprentissage qui aura lieu le 23 novembre 2012, un rapport sur l’encouragement de la mobilité et des langues étrangères dans la formation professionnelle sera discuté et, espérons-le, également adopté. Travail.Suisse espère que ce rapport servira de catalyseur aux diverses initiatives proposées dans ce domaine.
Il est évident qu’au gymnase les étudiants apprennent au moins deux langues étrangères en plus de leur langue maternelle. En outre, les collégiennes et collégiens ont la possibilité d’apprendre une langue étrangère de manière plus approfondie grâce à une année d’échange international. La situation est tout autre du côté de la formation professionnelle. Environ 50 % des jeunes en apprentissage sans maturité professionnelle ne sont nullement encouragés ni obligés d’apprendre les langues étrangères. Ils sont même près de 80 % dans le secteur de l’industrie et de l’artisanat! De plus, les programmes d’échange et de mobilité dans la formation professionnelle ne font guère partie de la tradition.
Les besoins sont croissants sur le marché du travail
Du fait que la mobilité et l’apprentissage des langues étrangères ne jouent qu’un rôle secondaire dans la formation professionnelle, la Suisse passe à côté de nombreuses occasions de bien préparer ses apprentis pour le marché européen du travail, et de bien préparer la formation continue: car aujourd’hui en Europe, on attend de plus en plus souvent des apprentis qu’ils se fassent comprendre en plusieurs langues et qu’ils puissent évoluer dans des environnements multiculturels.
Trouver des solutions créatives plutôt qu’augmenter les leçons
Toutefois, ce ne sera pas en augmentant le nombre d’heures de cours dans les écoles professionnelles spécialisées que l’on satisfera à l’exigence, dans la formation professionnelle, de davantage de mobilité et davantage de langues étrangères. Il faut emprunter d’autres voies. Pour Travail.Suisse, ce sont surtout les initiatives suivantes qu’il faut renforcer ou développer :
Renforcer l’enseignement bilingue: une possibilité consiste à enseigner certaines disciplines scolaires dans une langue étrangère. En quelque sorte, on apprend alors deux choses d’un seul coup: la matière en question et une langue étrangère. À cet égard, deux modèles peuvent entrer en jeu: le modèle d’enseignement bilingue, où l’on parle, on lit, on écrit en français et à environ 30% dans une langue étrangère. L’enseignant-e introduit par exemple un nouveau thème tout d’abord en français, puis l’approfondit grâce à des activités menées dans une langue étrangère. Dans le second modèle, nommé immersion, des disciplines entières sont enseignées dans une langue étrangère pendant une assez longue période. Les expériences actuelles en matière d’enseignement bilingue sont à prendre en compte et à considérer de manière à ce que les écoles professionnelles soient de plus en plus nombreuses à envisager la possibilité d’opter pour ce genre d’enseignement.
Mettre des fonds à disposition pour des projets: la Fondation ch, qui dispose de fonds destinés à des programmes de mobilité, a évidemment toute son importance dans le développement de la mobilité et de l’encouragement des langues étrangères. Il lui faut encore mieux réussir à adapter ses prestations de services aux besoins de la formation professionnelle et présenter ses offres de manière à ce que dépenses et recettes s’équilibrent pour les entreprises et les écoles qui souhaitent mener des projets de mobilité. De même, l’encouragement de projets de l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie OFFT doit prévoir, en vertu des articles 54 et 55 LFPr, des fonds en faveur de l’incitation financière de projets novateurs dans ce domaine.
Nommer des délégués à la mobilité: afin que l’idée de l’encouragement de la mobilité et des langues étrangères puisse mieux réussir à s’imposer dans la formation professionnelle, il y a lieu de nommer des « délégués à la mobilité » au sein de la Confédération, des cantons et des organisations du monde du travail. Ces personnes devront veiller à ce que la question reste à l’ordre du jour dans leur contexte, et que les démarches possibles en vue d’encourager la mobilité et les langues étrangères soient entreprises. Sous ce rapport, la Confédération a une responsabilité particulière : elle doit veiller à ce que les « délégués à la mobilité » des différents partenaires soient regroupés dans un solide réseau.
Instaurer un pilotage: il faut instaurer un pilotage quant au développement dans le domaine de l’encouragement de la mobilité et des langues étrangères dans la formation professionnelle. Ce pilotage doit permettre d’évaluer régulièrement, sur le plan statistique et scientifique, l’évolution accomplie dans ce domaine. Pour la première fois, un état des lieux sera publié dans le Rapport sur l’éducation en Suisse 2014.
Un cours pilote chez Travail.Suisse
L’an prochain, Travail.Suisse offrira par le biais de sa commission de la jeunesse un cours pilote, dans lequel des compétences en langues étrangères pourront également être acquises lors de l’étude de la question : « Ce que je dois savoir au seuil du monde professionnel ». Le cours sera donné en trois langues et tous les documents seront distribués en italien, en français et en allemand. Toutefois, une seule langue nationale sera introduite dans les différentes séquences.
Etant donné que ce cours sera fréquenté par des jeunes (et des formatrices et formateurs) provenant de toutes les régions linguistiques, ceux-ci pourront s’entraider mutuellement à comprendre les contenus.