Le défi le plus important posé par la démographie en Suisse est celui de la pénurie de main-d’œuvre. Au cours des vingt prochaines années, les jeunes qui arriveront sur le marché du travail seront beaucoup moins nombreux que les personnes d’un certain âge qui prendront leur retraite.
Les aspects de la vie les plus divers sont concernés par le problème de la pénurie de main-d’oeuvre. Les besoins de notre société vont croissants – en partie à cause de la démographie – en matière de santé et de formation, d’encadrement de petits enfants et de personnes très âgées, de transports publics, de sécurité, etc. Parallèlement, la pénurie déjà existante de main-d’œuvre s’accentue du fait de l’évolution vers une société de services high-tech dans des domaines spécialisés tels que les sciences et les nouvelles technologies.
Politiquement, la voie consistant à miser uniquement sur davantage de migration pour surmonter l’état d’urgence en matière de main-d’œuvre, n’est pas valable. Il est donc essentiel que nous prenions soin des travailleurs que nous avons. Or, nous en sommes bien loin actuellement. Ainsi nous « permettons-nous » un taux d’abandon considérable des travailleurs d’un certain âge: un tiers des personnes âgées de 63 ans n’exerce plus d’activité professionnelle pour des raisons de santé. Et certes, les femmes gardent aujourd’hui une activité rémunérée tout en élevant leurs enfants, mais souvent avec un taux d’occupation très bas.
Ce sont en premier lieu les entreprises qui sont sollicitées pour exploiter ce potentiel inemployé. Elles doivent se mobiliser en réduisant la charge permanente sur le lieu de travail, en versant des salaires décents et en offrant des conditions de travail adaptées à l’âge permettant de préserver la santé et de maintenir plus longtemps une capacité de rendement, tout en veillant parallèlement à fixer des horaires de travail adaptés à la vie de famille, à offrir davantage de postes à temps partiel à tous les niveaux hiérarchiques en vue de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale.
La route est encore longue vers un marché du travail bien adapté à la démographie lorsque des études montrent que les employeurs préfèrent recruter à l’étranger plutôt que d’embaucher des travailleurs d’un certain âge ou que les médias rapportent que les licenciements de travailleurs âgés sont en augmentation.
La politique doit réagir, elle aussi. La disponibilité, sur l’ensemble du territoire, d’institutions d’encadrement destinées aux enfants, le soutien apporté à l’encadrement de personnes âgées, la promotion de formations de rattrapage destinées à des personnes sans certificat professionnel, ainsi que la formation continue de tous les travailleurs et travailleuses, toutes ces exigences font partie des nouvelles conditions-cadre indispensables pour maintenir la prospérité de la Suisse.