Les délégué-e-s de Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante de 170‘000 travailleurs-euses, ont adopté aujourd’hui, lors de leur congrès à Berne, en présence du Conseiller fédéral Didier Burkhalter, un manifeste en faveur du travail. Ce manifeste comprend 10 thèses concernant l’évolution démographique et ses conséquences sur le marché du travail. Les délégués de Travail.Suisse sont convaincus que la Suisse a besoin des meilleures conditions de travail pour relever le défi démographique.
Jusque-là, le problème démographique a toujours été abordé sous l’angle du vieillissement de la population. Mais la problématique réside surtout dans le fait qu’il y a toujours de moins en moins de jeunes. Ce développement va influencer négativement le marché du travail. Dans son discours d’ouverture du congrès de Travail.Suisse, qui a lieu aujourd’hui dans le Kursaal de Berne, Martin Flügel a souligné : « Nous constatons aujourd’hui que le développement démographique commence à avoir un impact énorme sur le marché du travail ». En effet, soit le manque de main-d’oeuvre est déjà un problème actuel dans beaucoup de branches, soit il est pronostiqué dans de plus grandes proportions à l’avenir. Une étude, mandatée par Travail.Suisse et effectuée au printemps par le bureau BASS, est arrivée à la conclusion qu’en 2030 ce ne sont pas moins de 400‘000 personnes qui manqueront dans les effectifs des entreprises. Ce chiffre énorme montre que la pénurie de main-d’oeuvre atteindra des domaines qui sont déterminants pour la qualité de vie de toute la population: les hôpitaux et les maisons de retraite, les écoles publiques, la sécurité, les transports publics etc.
Il faut que la Suisse dispose des meilleures conditions de travail
Afin que la pénurie de main-d’oeuvre puisse être évitée, sans augmenter massivement l’immigration, la Suisse a besoin d’un marché du travail démographiquement compatible. La position des employés doit être renforcée et le potentiel de main-d’oeuvre disponible en Suisse doit être utilisé de manière optimale. Il existe encore un grand potentiel chez les employés plus âgés et les femmes travaillant à temps partiel. Cela entraîne, selon la perspective de Travail.Suisse, que les conditions de travail soient bonnes et les plus attrayantes possibles. Martin Flügel est convaincu qu’ « il nous faut les meilleures conditions de travail de toute l’Europe, oui, du monde entier ». Ce qui est très loin d’être le cas aujourd’hui. Encore beaucoup trop de personnes tombent malades à cause du travail. En Suisse, au moins un tiers des personnes âgées de 63 ans ne travaillent plus pour des raisons de santé. Et, bien que beaucoup de parents ayant des enfants exercent aujourd’hui une activité professionnelle, la compatibilité entre la famille et le travail constitue aujourd’hui encore un énorme facteur de stress, auquel les femmes sont particulièrement exposées.
Les entreprises et la politique sont sur la sellette
Selon Travail.Suisse, les entités concernées sont en première ligne les employeurs et les entreprises mais aussi la politique. Ils doivent investir dans la santé, la motivation et la formation des employés et ils doivent réfléchir aux meilleures conditions à créer pour permettre une compatibilité optimale entre la famille et le travail. Les mots clés à cet effet sont la diminution de la charge permanente au travail, plus de vacances, des salaires corrects pour tous les rapports de travail. De plus, il faut des conditions de travail adaptées à l’âge des employés pour plus de santé et une plus longue capacité de prestation, des formations et des formations continues de bonne qualité, des horaires de travail adaptés à la famille et plus de postes à temps partiel à tous les niveaux de la hiérarchie.
Les délégué-e-s de Travail.Suisse sont convaincus que le défi démographique ne peut être relevé qu’avec une revalorisation du travail. Avec une revalorisation du travail, il est possible d’avoir une politique économique durable et d’avoir une Suisse au top de sa forme pour l’avenir.