Travail.Suisse demande des mesures pour promouvoir le retour à l’emploi après une pause familiale
Communiqué de presse
Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleuses et travailleurs, a dévoilé aujourd’hui une analyse et des revendications concernant le retour à l’emploi lors d’une conférence de presse. Plusieurs parlementaires au Conseil national y ont présenté leurs interventions. L’étude approfondie montre les difficultés rencontrées par les personnes, majoritairement des femmes, pour retrouver un emploi de qualité après une interruption due à des raisons familiales. En cette période de forte pénurie de main-d'œuvre, il est crucial de mettre en place des mesures fédérales s’inscrivant dans une véritable stratégie nationale de soutien au retour à l’emploi. C’est ce que demandent le vice-président de Travail.Suisse, le conseiller national Giorgio Fonio, la présidente de Syna, l’ancienne conseillère nationale Yvonne Feri, ainsi que les conseillères nationales Sibel Arslan et Isabelle Chappuis.
La pénurie de main d’œuvre est un problème majeur persiste depuis plusieurs années, identifiée par le Conseil fédéral dès 2018 dans son rapport sur l’« Initiative visant à combattre la pénurie de main-d’œuvre ». Malgré 44 mesures préconisées, seule une seule concernait le retour au travail, limitée au domaine des soins. Dans sa réponse à un postulat de Sibel Arslan qui demandait un train de mesures et une stratégie globale pour encourager le retour au travail, le gouvernement a proposé en juin 2023 quatre champs d’action très généraux, reposant principalement sur les entreprises et sans offrir de solutions concrètes.
Chaque année, entre 9 000 et 12 000 femmes ne reprennent pas leur emploi après une maternité contre leur gré. Selon Valérie Borioli Sandoz, responsable de la politique de l’égalité et conciliation à Travail.Suisse: « Elles sont souvent victimes de ce que l’on appelle un « licenciement informel », où l’employeur les poussent subtilement à quitter leur emploi ».
Pour les syndicats, il est urgent de soutenir davantage les femmes qui souhaitent reprendre une activité professionnelle après une interruption pour raisons familiales. Yvonne Feri, présidente de Syna, insiste : « L’Etat doit prendre son rôle au sérieux et encourager activement la réinsertion des femmes, par exemple en finançant des formations continues ».
Dix revendications clés
Sur la base d’une analyse détaillée publiée aujourd’hui, l’organisation faîtière indépendante formule dix revendications. Quatre d’entre elles concernent l’adaptation du dispositif existant dans l’assurance chômage et une concerne le conseil que fournissent les offices cantonaux d’orientation professionnels. Une autre revendication porte sur le financement des coûts directs et indirects de la réinsertion professionnelle. Il faut également améliorer les relevés statistiques et les conditions-cadre permettant de concilier travail et famille (accueil extrafamilial institutionnel, coûts, conditions de travail favorables à la famille, congé parental, etc.), et chapeautant tout cela, il faut une stratégie nationale pour encourager le retour à l'emploi.
Interventions parlementaires
Ces revendications se traduisent aujourd’hui par plusieurs interventions parlementaires. Giorgio Fonio (Le Centre, TI) demande par motion (24.3639) qu’un programme « Supported Re-Entry » soit proposé par les offices régionaux de placement, à similaire au programme existant « Supported Employment » pour les plus de 50 ans. « Nous demandons le lancement d'un programme pilote par les offices régionaux de placement qui soit destiné aux candidat·e·s au retour à la vie active. Ce programme doit offrir un accompagnement gratuit à long terme sous forme de coaching et peut prévoir une indemnisation pour les employeurs qui investissent dans la réintégration de ces personnes », explique Fonio.
La conseillère nationale Isabelle Chappuis (Le Centre, VD) demande que les mesures du marché du travail (MMT) prévues par la loi sur l’assurance chômage tiennent mieux compte des besoins des candidat·e·s au retour à la vie active et intègrent la possibilité d’une reconversion professionnelle. Selon l’élue vaudoise : « Il est nécessaire d’assouplir l’accès aux mesures du marché du travail pour les personnes candidates au retour au travail. Il importe de ne plus viser prioritairement la rapidité de la réinsertion, mais plutôt sa durabilité ». Elle déposera une motion dans ce sens à la session d’automne.
Ces deux interventions s’inscrivent parfaitement dans celle de la conseillère nationale Sibel Arslan, qui a déposé une motion (24.3807) exigeant que le gouvernement adopte une stratégie globale pour faciliter la réintégration professionnelle des personnes qui ont quitté le marché du travail durant plusieurs années. Pour elle : « Il est temps que le Conseil fédéral prenne vraiment conscience du défi et définisse, en collaboration avec les cantons et les différents acteurs institutionnels, une véritable stratégie de soutien au retour à l'emploi. ».